AMD Ryzen - Credits : S1L3N7D3A7H from imgur

[DOSSIER] AMD : L’histoire d’un retour inespéré

Après 10 ans de domination absolue par son concurrent Intel, AMD sort enfin la tête de l’eau grâce à son architecture Ryzen. Que s’est-il passé pendant tout ce temps ? Pourquoi et comment Ryzen change-t-il la donne ?

Début 2000 : L’âge d’or d’AMD

Il faut en effet remonter très loin pour se rappeler de l’époque où l’on recommandait largement et sans hésiter les processeurs AMD… A partir des années 2000 et jusqu’à 2006, l’arrivée de l’architecture AMD64 marquait en quelque sorte l’âge d’or d’AMD avec ses « Athlon ». Il pouvait alors être presque honteux -surtout pour jouer- d’acquérir du matériel Intel qui était cher et se débattait difficilement avec son Pentium 4 qui consommait et chauffait alors beaucoup (jusqu’à plus de 100 watts).

Le début des processeurs multi-coeur

Au tout début des années 2000, les CPU n’ont bien-sûr qu’un seul coeur et sont gravés en 130 nanomètres (contre moins de 10nm dernièrement) et la course à la fréquence de plus en plus haute montre ses limites : Ça chauffe trop.

En 2005, AMD sort alors les « Opteron », des processeurs multi-coeurs pour serveurs, permettant ainsi d’augmenter la puissance de calcul totale sans pour autant avoir besoin d’augmenter la fréquence. Rapidement, suivent les « Athlon 64 X2 » mais également chez Intel les bon vieux « Pentium D » et leur chauffe légendaire.
Pour profiter de plusieurs coeurs, les programmes doivent cependant être réécrits, ce qui prend du temps et à cette époque, l’intérêt du multi-coeur est donc discuté… Jusqu’à la sortie des Core 2 Duo qui change la donne.

2006 : AMD 10 pieds sous terre

En 2006, les fameux « Conroe » aussi appelés « Core 2 Duo », notamment les E6300, E6400, E6500, gravés en 65nm, marquent la fin du règne d’AMD. Ces processeurs montrent des performances identiques pour un prix similaire ou moins cher qu’AMD, le tout avec une consommation plus faible, moins de chauffe, et surtout un potentiel d’overclocking exceptionnel.
AMD était enterré pour 10 ans.

Chaque sortie de CPU Intel a représenté une énorme claque, un coup de masse dans la tronche ou dans le dos d’AMD.

  • 2007 : Core 2 Quad 65nm : BIM ! Q6600 et Q6700, 2x plus puissant que les Core 2 Duo avec une consommation maîtrisée, un potentiel d’overclocking décent, une bête de productivité.
  • 2008 : Core 2 Quad 45nm : BAM ! Q9450 et autres, moins de consommation, plus de fréquence…
  • 2010 : Core I7 32nm : BOOM ! On se rappelle tous du I7 970 : bond de performances par Mhz, augmentation de fréquence
  • 2011 : Sandy Bridge 32nm : PATATRAC ! 2500K et 2600K, bond de fréquence, capacité d’overclocking hors norme…

Et là, ça fait quand même déjà 5 ans qu’Intel domine le marché sans qu’AMD ne sorte un seul produit remarquable… AMD n’est même plus une option pour les enthousiastes.

Le relâchement d’Intel

Les premiers signes du manque de concurrence se font alors sérieusement sentir du côté d’Intel :

  • A partir de 2011, avec ses séries 2000, c’est à dire l’architecture « Sandy Bridge », Intel bloque l’overclocking pour les processeurs de série « K » uniquement, forçant ainsi à payer plus cher pour un gain de performances incertain.
  • En 2011 toujours, AMD sort Bulldozer qui est alors très attendu pour relancer AMD après 5 ans à être dépassé. Malheureusement, le fleuron de la gamme, un CPU 8 coeurs ne tenait la route ni en performances par coeur, ni en performances totales, ni en consommation et ne parvint pas à séduire.
  • En 2012, pour la première fois, les processeurs de la série 3000 alias « Ivy Bridge » d’Intel n’enthousiasment pas vraiment par leurs gains de performances ou leur innovation. Des changements mineurs sont opérés et ne valent pas du tout le passage sur la nouvelle architecture. De plus et c’est sûrement la pire chose qu’Intel n’aie jamais faite, à partir d’Ivy Bridge, Intel se met à ne plus souder l’IHS (Integrated Heat Spreader) au die (la puce) du processeur et utilise à la place de la pâte thermique : Cela résulte en une chauffe bien plus importante et donc des PC plus bruyants, s’overclockant moins; pire encore, qui sèche au fil du temps, réduisant significativement la durée de vie du CPU.
  • En 2014, avec la série 5000, Intel qui n’avait toujours pas séduit avec la série 4000 décide de créer un segment à part, haut de gamme, très cher, qui n’intéresse là encore pas grand monde, mais permet simplement à la marque de dire qu’elle a la plus grosse…
  • En 2015-2016, avec la série 6000 et 7000, Intel ne fait globalement qu’optimiser tranquillement son architecture, réduire sa finesse de gravure et augmenter la fréquence, mais aucun bond de performances spectaculaire n’est à noter.

Résultat des 10 ans de domination du marché par Intel

  • La vaste majorité des CPU vendus comporte alors toujours 4, parfois 6 coeurs pour le haut de gamme et rien d’intéressant ou de spectaculaire n’est à noter.
  • Le gain de performances est marginal d’une génération à l’autre, alors que la cadence de sortie est importante, la segmentation (le nombre de modèles à chaque génération) est également très importante et que chaque nouvelle génération ou presque entraîne un changement de carte mère…
  • Intel a toujours l’indécence de mettre de la fichue pâte thermique entre son IHS et son die, forçant les utilisateurs exigeants à ouvrir le CPU et mettre de lu métal liquide, risquant ainsi de casser leur matos et perdant leur garantie pour améliorer ce système.
  • Il n’y a plus de radiateur fourni avec les CPU, ou alors ceux-ci sont vraiment d’une piètre qualité (bruit, températures).
  • Les CPU overclockables sont segmentés, donc plus chers.
  • Les CPU avec hyperthreading sont segmentés, donc plus chers.

Globalement, après le 2600K, Intel a d’une certaine manière plus innové en stratégies commerciales qu’en performances réelles, à un point tel que le gain de performances entre un 2600K overclocké et un 7600K n’est pas fou du tout et on se demande parfois si ça vaut encore le coup d’upgrader un CPU de 2011 par un CPU de 2017, notamment pour ceux qui ont un workload moyen, ne jouent pas ou peu ou qui ont pour objectif de performances les 60 FPS…

Ryzen : Le retour « Zen » d’AMD

AMD Ryzen - Credits : S1L3N7D3A7H from imgur
AMD Ryzen – Credits : S1L3N7D3A7H from imgur

Ce n’est qu’en Mars 2017, alors que tout le monde commence à avoir sa dose de politique commerciale Intel, qu’après 10 ans à se faire piétiner, AMD explose enfin la fourmilière avec la sortie de son architecture « Zen », entraînant les processeurs « Ryzen ».

Les fleurons de la marque, les 1600X, 1700X et 1800X mais aussi l’entrée de gamme montrent alors tout leur potentiel.

Les points forts de Ryzen :

  • Un rapport qualité/prix performance imbattable en productivité et tout à fait décent en jeu
  • 4, 6 et jusqu’à 8 coeurs sur une plateforme grand public et 24 coeurs sur la plateforme « Enthousiaste » sortie en même temps
  • Des performances totales mais aussi par Mhz -donc par coeur-, tout à fait acceptables
  • Un IHS soudé (dans tes dents Intel !)
  • Des cartes mère moins chères que pour Intel, à fonctionnalités égales
  • Toute la gamme overclockable et avec Hyper Threading (BIM ! Intel)
  • La garantie d’un support de plusieurs années du socket CPU (Ça change!)
  • Un refroidissement de processeur tout à fait décent fourni d’origine

En somme, avec ce mouvement, AMD semble se placer du côté des consommateurs, ce qui ne peut que favoriser une excellente communication et une adhérence des acheteurs.

Les premières séries ne sont toutefois pas parfaites, par exemple, on note quand même quelques difficultés avec le support de RAM à haute fréquence, ou une capacité d’overclocking limitée… On voit aussi que l’architecture peine un peu avec quelques bottlenecks mémoire.

Aussi, Intel reste -de peu- premier sur le jeu vidéo lorsque l’on vise des très haut framerates et ce grâce à une puissance par coeur supérieure.

Mais malgré cela, AMD tire largement son épingle du jeu, aussi bien auprès des créateurs de contenus que des gamers et fait une belle remontée dans les parts de marché.

« Zen+ » enfonce le clou

Baisse de consommation, augmentation de fréquence, meilleure stabilité : La sortie des Ryzen de série 2000, en particulier les 2600X et 2700X et des nouvelles cartes mère légèrement revues augmente à juste titre le niveau de confiance général en Ryzen.

2600X | 2700X

Intel risposte avec son 9700K, un CPU « grand public » 8 coeurs culminant à plus haute fréquence qu’AMD, offrant des performances légèrement supérieures, mais à tarif que certains jugeront prohibitif puisque c’est tout simplement le double du prix des produits faisant concurrence chez AMD.

Intel 9700K

Et ce n’est pas fini…

AMD a annoncé la sortie des Ryzen 3000 gravés en 7nm pour mi-2019.

S’il ne s’agit pour l’heure que de leaks d’informations concernant cette génération, on attend tout de même avec une certaine fiabilité des fréquences en hausse, une entrée de gamme à 6 coeurs et un haut de gamme jusqu’à 12 voir 16 coeurs sur la palteforme grand public, le tout à tarif modéré… De quoi ne pas s’ennuyer sur les sorties à venir et garder un certain enthousiasme sur cette belle concurrence rétablie sur le marché des CPU desktop.

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